Le Monde : « Dans le Morvan, la bataille contre la monoculture de pins Douglas s’organise »

Le bois des feuillus stocké sur le site de la coupe rase, à Marigny l’Eglise, le 3 juin.
JEAN-LUC LUYSSEN POUR LE MONDE

Un article est paru dans le journal Le Monde daté de jeudi 2 juillet, qui s’appuie notamment sur des entretiens et des visites de terrain avec des sociétaires du Groupement forestier du Chat sauvage.

Racines à l’air, des grosses souches d’arbres et des entassements de branches cassées parsèment le terrain mis à nu par des engins mécaniques. Au lieu-dit Le Paradis, non loin de Brassy, dans la Nièvre, la coupe rase a ouvert l’horizon sur les douces collines vertes bourguignonnes. Le paysage résume bien les enjeux qui opposent les exploitants forestiers à ceux qui, au nom de la défense de la nature, sont de plus en plus remontés contre l’industrialisation du secteur du bois dans le massif du Morvan. D’un côté de la parcelle se dressent encore des feuillus : chênes, hêtres, charmes, mêlés aux bouleaux, châtaigniers, houx ; de l’autre, des pins Douglas alignés en rangs serrés forment un rideau compact. L’ancien chemin qui menait là est défoncé. Du petit muret qui le longeait ne restent plus que des pierres éparpillées dans les ornières.

Lire la suite sur le site du Monde.

« Stop aux coupes rases » : deux associations ont lancé dans le Morvan leur campagne nationale (Journal du Centre, 5/6/20)

Photo : Canopée Forêts Vivantes

Les militants de l’association Canopée et du collectif SOS Forêt France ont choisi le Morvan, vendredi 5 juin, pour lancer leur campagne nationale contre les coupes rases. De Saint-Brisson à Brassy, ils ont accroché quelques banderoles qui fleuriront dans les jours prochains pour dénoncer cette technique d’abattage massif des arbres d’une même parcelle.

Lire la suite de ce long article sur le site du Journal du Centre.

La cellule « investigation » de Radio France s’intéresse à la forêt du Morvan

Le journaliste Benoît Collombat et la cellule investigation de Radio France ont consacré un long travail au malaise social au sein de l’ONF et à la forêt du Morvan, dans lequel le Chat sauvage est cité.

L’article complet sur le site de France culture.

Pour réécouter l’émission de Secrets d’info (France Inter) du 12 octobre « Industrialisation, sécheresse, souffrance au travail : la forêt française en crise »

Une belle journée d’élagage participatif

Les premières brumes matinales de la fin d’été n’étaient pas encore dissipées que tout un groupe de personnes -adultes des deux sexes et plusieurs enfants- se retrouvaient à l’ancien banc de scie de Brizon, hameau de Brassy, pour ensuite gagner à pied par des chemins de terre les parcelles du Chat Sauvage pour une journée de travail et d’apprentissage,

Sous la houlette de Pierre Linck, du Réseau pour les Alternatives Forestières (RAF). il s’agissait, en alliant théorie et pratique, d’apprendre à élaguer certains arbres tout en respectant le plus possible l’évolution naturelle de la forêt.

Les parcelles choisies étaient les premières acquises par le groupement: l’une, de feuillus, ayant été coupée à blanc avant l’achat, est en pleine régénération naturelle ; l’autre est une ancienne plantation de sapins de Noël laissée à l’abandon.

Les participants -plus d’une une trentaine au total- venaient des horizons les plus divers quant à l’âge et à la provenance géographique (Nivernais-Morvan , mais aussi Saône et Loire , région parisienne, Auvergne et même Provence…). Certains étaient membre du groupement, d’autres non.

Une grande latitude avait été laissée en ce qui concerne les horaires d’arrivée et de départ, le mode de participation, la durée du travail et son intensité, etc… C’était vraiment « De chacun selon ses envies et selon ses  moyens »…

De très nombreux outils, apportés par les participants, ont été mis en commun. Il est à remarquer que ne figurait parmi eux aucun instrument à moteur. Mais l’animateur avait apporté, pour les prêter, de petites scies (manuelles) de fabrication japonaise, extrêmement efficaces et utilisées par les professionnels.

Sur les anciens « sapins de Noël », désormais d’une taille respectable, on a appris à sélectionner des « arbres d’avenir », destinés à fournir du bois d’oeuvre : comment, en intervenant au minimum, les aider à se développer au mieux pour qu’ils donnent, dans quelques dizaines d’années, ce qu’ils ont de meilleur ? Les tâches étaient diverses : marquage, élagage, éfourchage. Après avoir, bien sûr, soigneusement examiné les lieux dans toutes les directions pour détecter, par exemple, les arbres gênant l’heureux élu par une cime dominant la sienne.

Pour les feuillus, on apprenait à reconnaître les espèces, leur ordre d’apparition (espèces « pionnières » ou pérennes),  à évaluer leur silhouette. Par groupe de 3 -car il paraît qu’on s’y dispute moins qu’à 2!-, on choisissait les interventions et on apprenait les bons gestes pour les mener à bien.

A la mi-journée, tout le monde s’est retrouvé pour un pique-nique sur place, entre ombre et soleil, avec une température idéale car le temps était particulièrement beau, avec un ciel uniformément bleu. Par petits groupes ou tous ensemble, ces moments ont été riches d’échanges et de partage sur le thème de la forêt, mais aussi bien au-delà.

Bilan de cette superbe journée ?

  • Nous avons beaucoup appris ;
  • Nous nous sommes aérés et avons fait de l’exercice ;
  • Nous avons retrouvé de vieux amis et nous avons rencontré des gens nouveaux ;
  • Nous avons travaillé, mais dans la détente et la bonne humeur.

Danielle, sociétaire du Chat sauvage

(photos de Martine, sociétaire du Chat sauvage)

[ PRESSE] Morvan : ça sent le sapin.

L’hiver dernier, un journaliste du magazine Ebdo a réalisé un reportage sur le Groupement forestier du Chat sauvage qui devait paraître au printemps. Ebdo ayant malheureusement cessé de paraître en mars 2018, nous publions ici l’article d’Adrien Absolu, avec son accord. 

 

 

Morvan : ça sent le sapin.

Les belles forêts de feuillus de ce parc de Bourgogne sont en passe d’être supplantées par des plantations de résineux, plus rentables. Contre ce « grand remplacement végétal », des habitants se mobilisent.

Le petit sentier moussu qui avance à travers les bois s’est couvert de givre, le bout du nez pique : il fait un beau soleil d’hiver, sur les hauts de Brassy (Nièvre), une commune nichée au cœur du parc naturel régional du Morvan, dont les surfaces boisées représentent près de la moitié de la superficie. Nicolas Henry, fin connaisseur du pays, qu’il arpente régulièrement à bord de sa camionnette de paysagiste, mène la marche. Et s’arrête soudain, devant ce qu’on prend d’abord pour une clairière, et qui est en fait une zone de coupe à blanc. « Avant, c’était une magnifique forêt avec de vieux hêtres, de chênes centenaires. Le propriétaire l’a vendue sur pied l’hiver dernier à un exploitant, pour quelques milliers d’euros. Une équipe de bûcherons venue de Roumanie a tout coupé en trois semaines. Trois hectares de forêts disparues ». Les plus belles grumes ont été envoyées pour le bois d’œuvre en Chine, le reste valorisé en bois-énergie, expédié vers l’Italie pour chauffer les fours à pizzas. Au sol subsiste tous les résidus de coupe, branchages et souches ; au loin la ligne régulière des sapins. « Voici le sort réservé pour l’avenir à ce genre de parcelles », explique Nicolas en pointant du doigt les conifères. De manière systématique en effet, ou presque, la replantation dans la région se fait en sapin douglas, un arbre à croissance rapide, apprécié pour ses propriétés imputrescibles, et surtout utilisé pour la chimie du bois (papier, lamellé-collé). « Au bout de quelques années, ce ne sont plus des forêts, mais des champs d’arbres parfaitement alignés », dit Nicolas. « Il n’y a pas de vie sous une sapinière : c’est le désert ». Des cas comme celui-ci, dans le Morvan, où la propriété foncière de la forêt est très morcelée, il y en a des dizaines chaque année.

De l’avis même du syndicat majoritaire de l’ONF, le SNUPFEN, ce déplacement du curseur vers toujours plus de résineux est une calamité écologique. Son responsable local, Cyril Gilet, explique : « Dans une forêt de feuillus, le sous-sol est constitué d’un humus qui fonctionne un peu comme une éponge, retient les minéraux, absorbe l’eau et la relâche quand il y a besoin. Il y a des champignons, un biotope à part. Les animaux trouvent refuge dans le sous-bois arbustif, les oiseaux viennent becqueter les insectes ». Or, continue-t-il, il y a une volonté manifeste aujourd’hui, même si le plus souvent tue, d’industrialiser la forêt. D’en faire une usine à bois. « On refait avec les forêts françaises exactement les mêmes erreurs que celles qui ont été commises par notre agriculture dans les années 70 » : mécanisation à outrance, raisonnement à courte vue, prisme économique presque exclusif. Dans cette forêt standardisée, où des sapins ayant tous la même taille sont rangés comme des salades, les immenses abatteuses sont dans leur élément. Ces machines sont capables de transformer en moins d’une minute un arbre bien enraciné en une sorte d’immense crayon de bois, tout droit, débarrassé de ses rameaux, de ses feuilles, et même de son écorce…

Officiellement, les chiffres que donnent la maison du Parc indiquent une répartition assez égalitaire des feuillus et des conifères. Mais son président, Sylvain Mathieu, en convient à demi-mots : ils sont obsolètes. « En tout cas, on doit être plus proche du 60 / 40 aujourd’hui, ou même du 70/30, pour le résineux », estime Frédéric Beaucher, proviseur au lycée de Clamecy, et amoureux de la forêt du Morvan depuis toujours. De la terrasse de sa maison de Brassy, à ossature bois, il ne voyait pas un sapin quand il s’est installé en 1997. « La forêt était superbe, elle changeait de couleurs tout au long de l’année », se rappelle-t-il. Aujourd’hui, quelle que soit la direction du regard, des sapins uniformément verts crèvent le paysage.

Alors en 2015, pour lutter contre le sentiment d’impuissance – des paysages irrémédiablement dévastés en 48 heures – Frédéric Beaucher a décidé d’entrer en résistance. Il a fondé, avec quelques amis, un groupement forestier, « Le chat sauvage », pour racheter directement des parcelles de forêts et éviter qu’elles ne tombent dans l’escarcelle de la « sylvo-industrie ». Aujourd’hui, il y a 160 sociétaires, et le groupement est à la tête de 40 hectares, sanctuarisés, ou gérés de manière durable (coupe sélective, mélange des âges et des essences, etc.), selon leur intérêt. Une goutte d’eau, sur les 129 000 ha de forêts au total du parc, mais qui a le mérite d’exister.

Et comme le Chat sauvage commence à avoir une certaine notoriété dans la région, de plus en plus de propriétaires désireux de céder leurs arpents boisés, mais soucieux cependant de ce que ceux-ci adviendront, démarchent spontanément le groupement. En juin dernier, Frédéric a reçu une offre pour une parcelle fantastique, près du lac des Settons, au bas de laquelle passait la Cure, une rivière à truite, idéale pour que la loutre, en voie de réintroduction, y installe son habitat. Le coin de 5 ha recelait aussi quelques plantes rares. Faute de liquidités, le groupement a lancé une campagne de financement participatif. Il fallait 12 000 euros pour conclure la transaction : ils furent obtenus en moins de trois semaines. Au printemps prochain, le groupement procèdera à un inventaire exhaustif de la faune et de la flore de cette nouvelle propriété. En tous cas, voilà les arbres sauvés.

Le mot de la fin, glané au zinc du Carrouège (« carrefour » dans le patois morvandiau), un ancien bistro transformé en éco-lieu et où ADRET-Morvan, l’association écologiste la plus en vue de la région, a établi son siège : « En France, on se scandalise de ce que le Brésil ou l’Indonésie détruisent leurs forêts tropicales pour les remplacer par des plantations de palmiers à huile. A un degré moindre, ce sont exactement les mêmes conséquences en termes d’environnement et de biodiversité quand une forêt de douglas remplace un vieux massif de feuillu ». En quinze ans, les populations d’hirondelles, qui doivent trouver chaque jour plusieurs milliers d’insectes pour leur subsistance, ont diminué de 40 % dans le Morvan…

Adrien Absolu (février 2018)

Journée d’élagage participatif sur une de nos parcelles (dimanche 26/08)

Une journée élagage est prévue le dimanche 26 août sur deux parcelles du Groupement forestier du Chat sauvage.
« …sans vouloir être interventionniste, une jeune forêt dans laquelle beaucoup d’arbres ont poussés, nécessite quelques soins selon ce que l’on veut favoriser pour l’avenir de cette « communauté d’arbres ». Les interventions les plus faciles se font pendant que les arbres sont encore jeunes, car on peut le faire manuellement ; et si l’on jardine la forêt, on fait du travail pour tout le temps de la vie de ces arbres, qui vont vivre bien plus longtemps que nous-mêmes. Cela devient un travail très intéressant, car l’on doit observer chaque situation et décider au cas par cas. »
Rendez-vous dimanche 26 août au parking du Pont des Bruyères, sur la RD6, environ 2 km après Brassy quand on va vers Lormes. Le 1er rendez-vous est à 9h00, le 2nd à 12h00, le 3ème à 14h00, chacun peut venir quand il veut et rester le temps qu’il veut. Repas tiré des sacs en forêt vers 12h30.
Si possible, apportez vos outils – scie, sécateur, gants, petite échelle, voire scies-perches. Cette journée sera aussi l’occasion d’échanger et de mieux se connaître. L’accès à ces parcelles est relativement facile, et nous n’avons aucune contrainte de rendement ni de productivité. Chacun pourra vivre cette journée au rythme qu’il souhaite.
Afin que nous puissions nous organiser, les personnes intéressées sont priées d’informer gerance@forets-chatsauvage.org de leur heure d’arrivée. Merci  et à bientôt !