L’équipée « en forestation »

Edition de Jean-Pierre Renault avec le groupe Poésie
Texte complémentaire et photos de Sylvie Boivin

C’est délicat de raconter une aventure inédite, où l’on décide entre associés du groupe Poésie de passer 3 jours et deux nuits en SOLITAIRE mais ENSEMBLE, dans différentes parcelles du groupement forestier du « chat sauvage », alors que l’expérience est individuelle, intime, artistique, poétique EN NATURE EN FORET.

C’est même IRRACONTABLE.. aussi insaisissable fugitif et translucide que l’animal lui-même. Voilà les scènes de trois MOMENTS COLLECTIFS assez inqualifiables, comme des moments un peu involontaires, festifs, inquiets, découvreurs…

Premier casse-croûte

C’était en juin 22, je crois, vers Brassy, mais nous avions tant de mal à trouver des dates communes (même doodolisées) pour faire ce truc inqualifiable, ça changeait tout le temps, qu’aujourd’hui je ne m’en souviens plus. Nous avons trouvé un intitulé « EN FORESTATION » en opposition avec la déforestation galopante en nos forêts. Notre gérant FRED avait retenu 17 parcelles « habitables ». Certaines étaient en cours d’arpentage avec le groupe dit « de gestion », j’en avais arpenté et délimité avec notre maître és forêt Christian Martin. D’autres comme la parcelle de Chaumeçon avait été répertoriée dans l’hiver avec les techniciens pour le plan de gestion.
Cette première réunion, casse-croute sur le pouce, pour faire connaissance entre nous, EN PLEINE NATURE, sur la terrasse de Frederic notre ange gardien à l’éternel léger sourire en coin qui rassure, fut organisante, on posait les règles, « et toi t’es en hamac » non « je suis au sol », « on garde toujours un portable chargé en secours ». Bon c’était pas un stage de survie, mais on sentait une agréable inquiétude non dite… Une convivialité sereine, une écoute tendue… Un début de liste quand même, des conseils, des sourires…

Deuxième pique-nique

Ça je me souviens de la date tellement on avait traversé des siècles pour arriver à la trouver, c’était un dimanche 3 juillet 22. On allait visiter toutes les parcelles possibles et chacune devait choisir son territoire. On a arpenté, Sylvie est allé sur le Chalaux, et Sonia, dans une autre partie sur une autre parcelle, plus haut. On découvrait. Anabelle a choisi la parcelle sur le Crescent, où Fred nous dit qu’il y a des analyses sérieuses qui sont lancées avec des spécialistes. On continue à faire les inventaires physiques des espèces, à se raconter plein de détails concrets. « Tiens c’est drôle comme le tronc de cet arbre est lisse, c’est quoi ? »…. Mais le plus drôle arrive quand nous sommes rendus sur la parcelle du lac de Chaumeçon où arrivés au bord de l’eau Fred déclare tout de go :

 » tout le monde veut venir sur cette parcelle, il faudra changer la règle du jeu des solitaires ». Alors les filles se jettent à l’eau, on déploie la nappe du pique-nique en patchwork avec les bouts des uns et des autres, à l’image de ce curieux COMMUN que nous faisons. Nous voyions Polska la glaneuse d’écriture de la nature collecter, branches, racines, formes d’écorces, feuilles (voir photos?), et nous nous racontons la suite, non pas des visites des parcelles, mais chers associé(e)s et partageurs et partageuses du bien commun, ici les traces des écorces, des écorces des grands fûts qui ont été débités dans l’hiver par l’équipe des artisans de Brassy qui débite le gros œuvre sur place et là je sens qu’il y a vraiment un autre travail de la forêt qui se met en chaîne, et on voit les tas de bois de chauffage, et on sent comme disait mon vieux galvacher que « çai y ot i bouais enteurtenu » ouais ça se voit à l’ambiance un peu paradisiaque de la partie de campagne où je reviens, ça se voit au sourire qui se sont élargis, aux regards qui se sont éclairés, à l’échange des nourritures, des saveurs, des histoires. j’aime beaucoup cette parcelle de Chaumeçon où parait-il le vrai chat sauvage giterait avec une fée, c’est chez Karen…

Ensuite je me suis perdu avec Annabelle en revenant vers les voitures, on peut se perdre même dans de petites forêts séparées des unes des autres, qui demandent à se relier. Car les forêts nous parleraient parait-il… Puis on a fait le tour des parcelles de Polska, on a balisé les chemins pour qu’elle ne
s’égare pas non plus, avec pleins de signes, des branches, des traces…

Troisième pique-nique

Là je passe la plume à une autre parce que quand j’ai vu le regard de Sylvie devant mon crâne blessé et le récit de ma chute dans la CURE, là je peux pas raconter quand je suis tombé des berges dans la nuit avec le glapissement très fort du renard. Je n’avais plus de portable pour communiquer avec toi Fred, puisque trempé, les pieds dans l’eau, sans lunettes. Bref. Ah, belle expérience irracontable… On faisait le point sur la terrasse de Fred, un pique-nique souriant, discret en paroles, encore très imprégné de l’expérience. Que ferons nous de ces engendrements créatifs plus tard ?… Que ferons-nous des vidéos du lutin rouge, des carnets de dessins, des sons, beaucoup de photos, la chose est ouverte.